Avant, Caroline Buechler et François-Xavier Mousin communiquaient, racontant les belles histoires des marques de luxe, Aujourd’hui, ils ont la leur, Orfève, une manufacture de chocolat artisanal, installée dans leur maison dans une campagne genevoise qui, en anciens urbains qu’ils sont, les enchante.
Etes-vous nés à Genève ou êtes-vous genevois d’adoption ?
Caroline : Nous sommes tous deux des Genevois d’adoption, François-Xavier est venu y finir son parcours académique et je suis venue y travailler, en parallèle à mon université effectuée à Lausanne.
Votre première impression de la ville quand vous l’avez découverte ?
Caroline : J’en garde un souvenir merveilleux, un sentiment un peu similaire à celui que j’ai en allant à New York aujourd’hui. La Genève d’il y a quinze ans était une ville propre où l’on n’avait pas peur de se promener seule. Elle était dynamique, ouverte, avec une énergie grisante, et il y avait des after-works à n’en plus finir (rire). Oh, et il n’y avait pas autant de sens uniques et d’itinéraires impossibles qui me font inventer des surnoms d’oiseaux systématiquement au volant.
François-Xavier : Une impression de liberté incroyable qui me rappelait un peu Bruxelles où je venais de passer quelques années. A 22 ans, en 1993, je vivais dans un squat à la rue des Maraîchers, à côté de l’Uni Mail, avec la bénédiction de la police cantonale, des autorités et des propriétaires !
Et votre impression aujourd’hui ?
Caroline: Je trouve que Genève a franchement perdu de sa superbe et j’en suis très triste.
Etes-vous plutôt rive gauche ou rive droite ?
Rive gauche !
En ville ou à la campagne ?
Caroline : Je pense que l’une ne s’oppose pas à l’autre. C’est un peu la question du coeur et de la raison, l’un et l’autre ne s’annulant pas, mais cohabitant. J’aime la ville pour son aspect social et ses rencontres. J’aime la campagne pour y vivre et m’y ressourcer.
François-Xavier : Je rejoins Caro, avec le rêve d’un nouvel urbanisme qui offrirait le meilleur des deux mondes. Plus de la moitié de la population de la planète vit dans des villes. Il est urgent de les réinventer pour qu’elles s’adaptent à l’homme et non plus l’inverse.
Appartement ou maison ?
Caroline : Maison ! Notre chien Kumi adore son jardin et y poursuivre Norbert, notre colocataire hérisson. Le pauvre, il est suicidaire car Kumi reste un chien de chasse. Rien de tel que de se réveiller le matin et de commencer sa journée avec un café sur sa terrasse en écoutant le chant des oiseaux. OK, ce n’est que durant l’été mais qu’importe, on savoure. Nous allons prochainement déménager et envisageons un potentiel retour en ville. Ce sera l’occasion de retrouver et de découvrir des zones de verdures et des balades en nature, dès les aurores.
François-Xavier : En Suisse, il y a trop peu de petites maisons mitoyennes en ville, ces townhouses si présentes dans les pays du Nord, qui permettent de mener une vie urbaine sans devoir renoncer à son propre toit et à son petit bout de jardin. C’est pourtant pour moi l’une des formes les plus abouties d’architecture urbaine, qui respecte à la fois les besoins de la collectivité et ceux des individus.
Un café pour un rendez-vous business ?
Caroline : Pendant les beaux jours, c’est, sans hésiter, la terrasse de la Clémence en vieille ville. J’aime son côté relax qui permet des discussions business spontanément détendues. Elle me rappelle aussi, à sa façon, la Grand-Place de Bruxelles, autre ville chère à mon coeur. Si le temps n’est pas clément, alors je donnerais rendez-vous plutôt du côté de l’Arthur’s à la rue du Rhône. C’est un lieu où les discussions plus confidentielles peuvent être menées avec plus de discrétion et c’est aussi pratique car il est proche du parking du Mont-Blanc.
François-Xavier : Un café ? Non, plutôt une bière, pour moi ! Nous avons un ami, Xavier Righetti de la brasserie l’Apaisée, qui vient d’en lancer une nouvelle variété, infusée avec un grué de cacao que nous avons torréfié spécialement pour lui.
Un restaurant pour un déjeuner d’affaire ?
Caroline : Chez Arsène, à la Terrassière. On y mange comme à la maison, le cadre est original avec une déco chinée et l’équipe est très sympa.
François-Xavier : A l’Intercontinental, idéalement au bord de la piscine. Le service y est tout de discrétion et de simplicité.
Un restaurant en famille ?
Caroline : L’auberge du Cheval Blanc à Carre d’Aval. Lors des beaux jours, la terrasse est une ode au farniente…
François-Xavier : Autour d’une fondue au Café du Soleil, à la place du Petit-Saconnex.
Un hôtel que vous conseillez à vos amis de passage ?
Caroline : Chez nous ! Mais plus sérieusement, l’hôtel Tiffany, à Plainpalais, à côté du studio Diode de Denis Hayoun et de la manufacture F.P. Journe. C’est un hôtel très agréable et pratique pour se rendre aussi bien sur la rive gauche ou sur la rive droite.
François-Xavier : Pas mieux !
Votre adresse pour faire du sport ?
Caroline : Vous avez dit « du sport » ? (rire) Je ne prends malheureusement plus le temps d’en faire, mais j’aime découvrir de nouvelles balades avec mon chien. J’ai une distance psychologique de quinze à vingt minutes en voiture par trajet à l’aller pour nos vadrouilles quotidiennes. Elles me font sillonner la campagne genevoise. Mais je crois que mon endroit préféré reste le bois de Jussy. On adore s’y perdre.
François-Xavier : Dans notre petite fabrique de chocolat. Le porter du sac de fèves est une discipline que j’aimerais proposer aux prochains Jeux olympiques !
Votre magasin de chaussures ?
Caroline : Jimmy Choo ! Mais j’avoue ne plus avoir le budget pour m’y rendre. Un jour reviendra…
François-Xavier : Ce n’est pas un magasin de chaussure, mais presque… La Nouvelle Cordonnerie du Pont d’Arve, qui restaure les chaussures comme des œuvres d’art. Je trouve le projet magnifique et plein de sens.
Votre librairie préférée ?
Caroline : Honteusement, je n’ai pas de petite librairie de quartier à proposer car je vais du côté des livres de François-Xavier ou des cartons non déballés quand je n’ai plus rien à lire ! Notre bibliothèque déborde de livres en tous genres, on n’a même pas la place de tous les y ranger.
François-Xavier : Les librairies de seconde main. Enfant, elles m’ont permis d’accumuler une quantité impressionnante de livres et de BD que je n’aurais jamais pu m’offrir. A Genève, il y a notamment la Trocante à la rue des Gares, ou les Recyclables à la rue de Carouge.
Votre grand magasin ?
Caroline : Globus. Quoi qu’on cherche (ou presque), on va le trouver. N’aimant pas particulièrement le shopping ni les magasins et manquant cruellement de patience dans ces moments-là, c’est très pratique quand on doit faire ses courses pour la semaine et, en parallèle, se trouver un pull. Tout ça en moins de quinze minutes!
François-Xavier : Migros. Je suis profondément attaché à l’idée fondatrice de Gottlieb Duttweiler et de sa femme Adele Bertschi, même si je sais que la réalité actuelle n’a parfois plus grand-chose à voir avec leur vision. Mais je m’y accroche avec conviction.
Votre fleuriste ?
Caroline : Je parlerais plutôt d’un Garden Centre, Schilliger. Une maison familiale au service hautement professionnel dont je trouve le savoir-faire inégalé. J’adore, tout simplement. On y trouve tout ce dont on peut rêver en matière de plantes. Et si vous avez le temps, allez à l’adresse originelle, au 40 de la route Suisse, à Gland, vous y découvrirez mon paradis quand j’étais enfant. Si vous y passez, n’oubliez pas de prendre un café au Café Agnès, au bout du couloir qui part du desk d’accueil, sur la gauche. Sébastien vous recevra sourire aux lèvres avec son sens de l’accueil inné.
François-Xavier : Notre jardin.
Une adresse secrète à partager ?
Caroline : Je crois qu’elle n’est plus si secrète, heureusement d’ailleurs. Il s’agit du bar Little Barrel, aux Eaux-Vives. Le problème, c’est que quel que soit le jour et l’heure à laquelle j’y vais, je suis presque sûre de n’en sortir qu’à la fermeture ! C’est un lieu un peu hors du temps, super cosy et chaleureux, avec une carte de cocktails à tomber qu’il faut savourer pour en sortir de façon digne… C’est pour cette raison aussi qu’il faut y retourner, se laisser tenter par de nouvelles découvertes parmi la centaine de rhums proposés ! En discutant avec Quentin et Nicolas, j’ai découvert des choses incroyables sur le rhum. Avec le recul, je me rends compte que c’est aussi riche que l’univers des cacaos fins que nous travaillons. C’est une amie qui m’y a emmenée à leur ouverture fin 2015, en me disant qu’elle avait enfin trouvé un bar à Genève qui allait me plaire. Elle ne s’est vraiment pas trompée !
François-Xavier: Je triche, mon adresse n’est pas à Genève, mais en Valais. C’est l’hôtel du Weisshorn, au-dessus de Saint-Luc. Une sorte de Queen Mary un peu fané posé par hasard au sommet d’une montagne, une arche de Noë à bord de laquelle on doit monter en peaux de phoques, en plein hiver, au milieu d’un océan de poudreuse immaculée, pour découvrir que ce petit pays est en fait immense lorsqu’on le regarde d’en haut. Il faut imaginer que chaque morceau de ce bâtiment incroyable, jusqu’au piano de la salle de bal, a été hissé péniblement à dos de mulet depuis la plaine lointaine, à la fin du XIXème siècle, pour permettre l’essor du tourisme et l’ouverture de la Suisse au monde…
Merci à David Wagnières
pour la photo de Caroline et François-Xavier (couleur)
et à Philippe-Cugniet (photo noir/blanc)
Les adresses:
Arthur’s
7, rue du Rhône, tél. 022 810 32 60, www.arthurs.ch
La Clémence
20, pl. du Bourg-de-Four tél. 022 312 24 98, www.laclemence.ch
Chez Arsène
4, ruelle de la Vinaigrerie, tél. 022 772 01 45, www.chezarsene.ch
Hôtel Intercontinental
7-9, ch. du Petit-Saconnex, tél. 022 919 39 39, https://geneva-intercontinental.com/
Jimmy Choo
30, rue du Rhône, tél. 022 310 76 80, www.jimmychoo.com
La Nouvelle Cordonnerie du Pont d’Arve
29, bd. du Pont-d’Arve, tél. 022 321 22 52, http://lanouvellecordonnerie.ch/
La Trocante
15 bis, rue des Gares, tél. 022 740 14 82
Les Recyclables
53, rue de Carouge, tél. 022 328 60 44, www.recyclables.ch
Globus
48, rue du Rhône, tél. 058 578 50 50, www.globus.ch
Garden Center Schilliger
40, route Suisse, tél. 022 354 44 44, www.schilliger.com
Tiffany’s
20, rue de l’Arquebuse, tél. 022 708 16 16, www.tiffanyhotel.ch
Little Barrel
15, rue du Lac, tél. 022 700 73 40, www.littlebarrel.ch
L’Apaisée
2, rue du Vélodrome, tél. 022 519 01 64,http://lapaisee.ch
Hôtel Weisshorn
Saint-Luc, tél. 027 475 11 06, http://www.weisshorn.ch/en/