Jeux de briques à Nyon avec l’exposition Un rêve d’architecte. La brique de verre Falconnier, consacrée à cette brique en verre, colorée, inventée par le Nyonnais Gustave Falconnier au XIX ème et qui conquit brièvement le monde.
On les a tous vues au moins une fois, ces briques en verre, colorées ou non, formant soit un mur, soit une voûte comme au Stadthaus de Zurich ou encore carrément une façade comme pour la boutique Chanel, à Amsterdam, la Crystal House. On les a vues, mais on connaît rarement leur nom – la brique de verre Falconnier – et on ignore souvent tout de leur inventeur, Gustave Falconnier, né en 1845, à Nyon. Cet homme, dont la grande passion de toute sa vie sera d’inventer, suit d’abord les cours de l’École moyenne de Lausanne, où il se familiarise avec des notions d’ingénierie, puis, après un passage à Munich, continue ses études à Paris à l’Ecole des Beaux-Arts. A son retour à Nyon, en 1870, il ouvre avec succès un bureau d’architecte.
Mais l’invention reste son principal centre d’intérêt puisqu’il dépose, entre 1873 et 1912, plus de quarante brevets d’invention dans différents pays. En 1886, il formule son brevet majeur : la brique de verre soufflé, un matériau complètement nouveau dans la construction et qui permet notamment de construire des murs. De plus, la brique est inaltérable et lavables ; aussi correspond-elle parfaitement aux préoccupations d’hygiène de l’époque.
Gustave Falconnier utilise son invention dans ses propres réalisations – villas de villégiature, vérandas, serres horticoles – en privilégiant les briques de couleur à la différence des architectes en Suisse romande qui préfèrent les briques transparentes blanches. Seules exceptions, le château du Châtelard, à Clarens, et l’immeuble Les Jumelles, à Montreux.
A l’étranger, la brique Falconnier séduit. A Paris, par exemple, elle est utilisée pour les verrières de cages d’escalier où elle est associée à la ferronnerie Art Nouveau, comme dans l’immeuble situé au 36 rue de Tocqueville.
Mais à partir de 1904, les grands projets prévus avec des briques Falconnier sont abandonnés, témoignant du déclin de ce matériau face à l’arrivée de nouveaux produits plus performants et rationnalisés.
En Suisse, par contre, une série de grandes voûtes suspendues au-dessus d’immenses halls dans des banques ou des bâtiments publics est mise en chantier entre 1898 et 1904.
Les jours de ce matériau sont cependant comptés et, en 1916, Le Corbusier sera le dernier architecte célèbre associé à la modernité à l’utiliser pour les deux verrières de la cuisine de la villa Turque, à La Chaux-de-Fonds.
Aujourd’hui, comme le montre l’exposition avec la présentation de trois projets, certains architectes s’intéressent à nouveau à la brique de verre, comme ce fut le cas en 2016 avec la réalisation par le bureau MVRDV de Rotterdam de la Crystal House pour la boutique Chanel d’Amsterdam. A Paris, une sortie de métro place Marguerite-de-Navarre, dans le quartier des Halles, est prévue par les architectes Patrick Berger & Jacques Anziutti.
Infos :
Exposition
Un rêve d’architecte. La brique de verre Flaconnier
Jusqu’au 22 avril 2019
Château de Nyon
Place du Château
Nyon
https://www.chateaudenyon.ch/fr/
Photos:
Régis Colombo
Nicolas Lieber (photo brique)